Comité pour un Courant Intersyndical
Lutte de classe et Antibureaucratique
(CILCA)

Déclaration du Collectif métallurgie CGT de lutte de classe

Article publié le 12 avril 2006

Déclaration remise à la conférence de presse qui s’est tenue à Lille le 12 avril 2006

Le premier succès remporté par les jeunes grâce à leur mobilisation exemplaire prouve qu’il est possible de faire reculer le gouvernement dans sa politique réactionnaire.

Le mouvement syndical représentants les salariés s’est vu contraint d’accompagner cette mobilisation mais s’est bien gardé de lui permettre un élargissement politique (contre la précarité, pour l’emploi) et professionnel en refusant de nouveau d’appeler, malgré les demandes répétées des jeunes à une extension de la grève aux travailleurs.

Le syndicalisme rassemblé et demandeur permanent de négociations sans rapport de force n’ont encore pas fait la preuve de leur efficacité.

Les questions posées par le 48ème congrès de la CGT sont au cœur de ces luttes.

Mais tout d’abord nous devons revenir sur le Bilan d’Activités présenté par la Direction Confédérale. Bernard Thibault a annoncé la couleur en conditionnant son 3ème mandat à l’approbation du bilan d’activité confédérale.

Malheureusement quand on lit, ce bilan le compte n’y est pas.

Sur les retraites, la Direction Confédérale a soutenu Denis Cohen, secrétaire de la Fédération Mines-Energie, dans son acceptation du relevé de conclusions sur les retraites à EDF-GDF. Malgré le refus majoritaire des salariés, cette attitude a commencé à saper la riposte des travailleurs aux projets du gouvernement. Dans la foulée l’appel unitaire sans contenu (disparition des 37,5 annuités pour tous) et le refus d’appeler à la grève générale après la trahison ouverte de la CFDT ont conduit à la défaite d’un mouvement d’ampleur inégalée depuis 1995.

Et rebelote pour la Sécu en 2004 avec l’acceptation du « diagnostic partagé » qui résumait le débat sur le trou de la Sécu sans rien dire des dettes patronales et des exonérations gouvernementales. La stratégie de la pétition en opposition à la grève a fini de handicaper un mouvement social qui gardait en mémoire la défaite de 2003.

En 2005, la stratégie du syndicalisme rassemblé, avec ses journées d’action sans lendemain n’a pas permis de transformer la victoire politique du NON au référendum en riposte sociale à la politique de Raffarin.

Il faut dire que ce NON au référendum, soutenu par la Commission Confédérale Nationale, n’était pas du goût de Bernard Thibault et du Bureau Confédéral qui au mépris de la démocratie laissèrent la Confédération absente de la bataille contre le projet de Traité Constitutionnel Européen.

Enfin que dire de l’abandon des travailleurs en lutte de la SNCM et de la RTM. Quand le GIGN descend sur le bateau, Bernard Thibault se rend à Matignon !

Au total la stratégie confédérale n’a pas permis de transformer des luttes formidables en des succès capables de renverser le rapport des forces.

Comment approuver un rapport d’activité, inamendable, et qui travestit a ce point la réalité ?

Après ce piètre bilan, les orientations proposées ne sont guère plus satisfaisantes.

Tout d’abord sous prétexte d’indépendance vis-à-vis des partis politiques la CGT n’a plus de projet de renversement du capitalisme. Le projet de société se résume à la promotion du développement durable conciliant progrès social, respect de l’environnement et efficacité économique. Où sont passés les mots de profit, exploitation, lutte des classes ?

Le syndicalisme rassemblé est un élément essentiel de la stratégie confédérale. Sa concrétisation va de l’accord sans fond sur les retraites aux journées d’action sans lendemain de 2005.

Le refus de reconnaître que les divisions du syndicalisme ne sont pas seulement le résultat de l’histoire mais aussi de désaccords profonds sur l’analyse de la société, sur les revendications, sur la place des luttes dans le combat contre le capitalisme.

L’unité de la classe ouvrière c’est l’unité des hommes et des femmes, des Français et des immigrés, des jeunes, des privés d’emplois et des retraités. Cette unité se construit dans les luttes. C’est cette unité qui pourra imposer à l’ensemble des organisations syndicales de soutenir et d’organiser les revendications et les mobilisations.

Toute plate-forme revendicative a maintenant disparu des documents des congrès confédéraux. Pire l’action revendicative doit répondre « aux aspirations individuelles des salariés, chômeurs et retraités ». Oubliées les Conventions Collectives, les revendications unifiantes, les luttes contre les suppressions d’emplois, etc. L’alternative serait la sécurité sociale professionnelle et le nouveau statut du travail salarié. En fait il s’agit là de mots d’ordre confus qui n’ont comme objectif que d’éviter de mettre en avant une plate-forme revendicative.

C’est pour cela que pour notre part nous réaffirmons la nécessité d’engager les mobilisations sur des revendications s’appuyant sur la satisfaction des besoins des travailleurs.

Nous devons organiser la lutte :

  • contre tous les licenciements ;
  • pour un salaire minimum à 1600 euros nets ;
  • pour la retraite à 55 ans, pleine et entière sans référence aux années de cotisations ;
  • pour l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ;
  • contre le travail de nuit ;
  • pour un Contrat à Durée Indéterminée pour tous.

La dernière résolution concerne l’évolution des structures de la CGT.

Le projet marque des reculs par rapport au projet initial, mais la volonté de centralisation politique et financière reste le fil conducteur de la démarche.

Ce processus engagé et abouti depuis longtemps dans la CFDT tend à assurer une prédominance toujours plus grande de la Direction Confédérale sur les structures de base de la Confédération.

Le regroupement des fédérations permettra la construction de directions moins nombreuses et politiquement plus contrôlables (voir le débat sur la consigne de vote pour le référendum sur le TCE).

Le reversement « par le haut » des cotisations permettra de sélectionner les structures politiquement correctes et de sanctionner par le financement les « dissidentes ».

Le principal débat sur le financement devrait porter sur la défense de l’indépendance de la CGT (voir le débat sur la Formation Professionnelle, plombé par la nécessité de continuer à percevoir les subventions liés à celle-ci) par l’augmentation de la part des cotisations dans les rentrées d’argent et sur la transparence de l’utilisation des autres financements.

Nous réaffirmons la nécessité de conserver le caractère fédéraliste de la CGT, c’est-à-dire le maintien de l’autonomie politique et organisationnelle des structures de base de la CGT : le syndicat, l’union locale et toutes structures intermédiaires décidées par les syndicats jusqu’au niveau fédéral.

Le respect du pluralisme, de la démocratie ne saurait tolérer une construction basée sur le centralisme démocratique.

Les modalités de désignation des délégués au 48ème congrès ont mis en évidence les conceptions anti-démocratique de la Direction Confédérale :

  • désignation des délégués avant tout débat sur le fond ;
  • minoration des délégations des structures soupçonnées de dissidence ;
  • tentatives d’annulation de mandatements indésirables ;

Ces modalités et les difficultés à faire prendre en charge le débat par les syndiqués (textes rébarbatifs, arrivés très tard, diffusés au compte-goutte, impossibilité d’amender le bilan d’activité) font que les débats qui se déroulent dans la salle du Congrès sont souvent très loin des préoccupations des travailleurs, des syndiqués. Les votes et le contenu des décisions sont pour l’essentiel déjà acquis.

C’est pour ces raisons que des initiatives seront prises pendant le congrès dont une initiative nationale le 26 avril afin de faire savoir aux syndiqués, aux travailleurs que la CGT ce n’est pas seulement le refus de prendre position contre le TCE, le refus d’engager fermement la lutte pour les retraites, la Sécu, le soutien aux travailleurs de la RTM ou la SNCM.

La CGT c’est aussi des milliers de militants qui n’ont pas renoncé au combat de classe pour la défense des revendications des travailleurs et le renversement de la société capitaliste.

Pour nous contacter : 06 23 26 70 63 ou 06 80 04 87 98